Joëlle Verbrugge : "Dans la 5e édition de "Vendre ses photos", je guide le photographe professionnel (auteur comme artisan) à chaque étape sur le plan juridique, fiscal et comptable." (interview)


par Gérald Vidamment, le Lundi 25 Juin 2018


© Emmanuel Viverge
Fort du succès des quatre premières éditions, l'éditeur du magazine Compétence Photo lance la cinquième édition du livre Vendre ses photos, de Joëlle Verbrugge, dans la collection Les Guides Compétence Photo. Une mise à jour complète, des tableaux et schémas synthétiques, des explications pas-à-pas, etc. Un ouvrage résolument pratique et concret pour faire les bons choix dans la jungle des dispositions légales et administratives. Joëlle Verbrugge répond à nos questions concernant cette cinquième mouture.

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La cinquième édition du livre a tardé à sortir alors que l’ouvrage est épuisé depuis quelques mois. Pourquoi ce délai ?

Joëlle Verbrugge : Pour deux raisons essentiellement. La première tient au calendrier annuel des modifications fiscales. Il est d’usage que des réformes – que je n’ose plus appeler « progressions » – soient envisagées chaque année en décembre, pour entrer en vigueur au début de l’année suivante. Et cette année, j’ai été bien inspirée d’attendre car c’est tout le système des seuils d’assujettissement obligatoire à la TVA pour les photographes indépendants (auteurs ou artisans) qui a été modifié, et singulièrement compliqué.
La seconde tient à différentes annonces faites quant à l’organisation des institutions officielles auxquelles les photographes ont affaire. Qu’il s’agisse de la disparition programmée du RSI – qui semble bien réelle et en marche – à des rumeurs ou débuts de réformes concernant la perception des charges sociales des artistes… Même si toutes les réponses ne sont pas encore certaines, il me fallait disposer de suffisamment d’éléments pour fournir des informations aussi durables que possibles.
Enfin, la rédaction d’un tel ouvrage est terriblement chronophage, et implique bien souvent de vérifier mes sources auprès de différentes instances officielles ou de professionnels d’autres secteurs que le mien.
Tout cela prend donc du temps.

Pourquoi acquérir cette nouvelle édition est vraiment nécessaire pour un lecteur possédant déjà l’une des quatre éditions précédentes ?

Précisément parce qu’il s’agit de mesures en constante évolution. Les solutions que je préconisais par le passé sont bien souvent périmées, voire dangereuses. Je parle notamment de la procédure d’inscription des auteurs qui, jadis conseillée sur papier, doit aujourd’hui se faire en ligne sur un site bien précis afin de limiter les risques de se voir octroyer un code APE inadapté.
C’est l’aspect ingrat de cette rédaction, en ce qui me concerne : il me faut sans cesse remettre tout mon ouvrage en cause, et vérifier chaque ligne que j’écris. Du côté des lecteurs, ils ont ainsi un support évolutif.

Quelles sont les nouveautés traitées dans cette cinquième édition ?

Elles sont un peu partout en réalité. Rédiger une nouvelle édition de cet ouvrage, c’est pour moi vérifier chaque ligne, chaque référence légale afin de voir si elle est toujours à jour.
Alors certes il y a des matières qui évoluent beaucoup (surtout sur les aspects fiscaux), mais comme tout se tient, lorsqu’on touche à une partie du livre, il y a des conséquences sur quasiment toutes les autres.
Par conséquent, j’ai tout actualisé et ai dû aussi m’adapter à des évolutions qui sont annoncées mais qui ne sont encore qu’en germe, de telle sorte qu’il me fallait rester prudente. Dans chaque section, si des évolutions étaient annoncées, j’ai donc distingué entre ce qui était d’ores et déjà certain et ce qui, au contraire, ne sont encore que des rumeurs ou des annonces non concrétisées.

Ce livre peut-il aider concrètement un jeune photographe qui désire devenir professionnel ?

C’est le but ! Au moment où le photographe, quel que soit son âge d’ailleurs, souhaite se lancer, il se retrouve d’emblée face à une masse d’informations brutes – et souvent contradictoires, s’il se borne à lire ce que certains expliquent sur Internet. J’ai donc, depuis la création de cet ouvrage, souhaité faire un « pas-à-pas » pour prendre le photographe par la main et le guider à chaque étape, depuis le moment où il se pose les premières questions (« Quel statut dois-je adopter ? Qu’est-ce qu’un régime fiscal ? ») jusqu’au jour de sa première déclaration de revenus. Chaque étape est détaillée chronologiquement.
Je suis restée bien sûr sur cette ligne de conduite pour cette 5e édition, en insistant, schémas à l’appui, sur des points qui méritaient encore un peu plus de pédagogie. Je pense notamment au système de perception des charges sociales des auteurs : malgré toutes les explications données depuis la première édition du livre, j’ai pu voir lors de mes conférences que certains points restaient flous. Et un jour, j’ai imaginé une petite fable pédagogique, et me suis aperçue qu’elle était efficace pour permettre une meilleure compréhension. Je l’ai donc développée dans cette 5e édition.
Et c’est sans doute cela qui fait que des photographes m’avouent parfois avoir chacune des éditions, et la relire du début à la fin pour certains, ou simplement y replonger en cas de besoin, de façon plus ponctuelle, pour d’autres.

Ce livre s’adresse-t-il malgré tout à tous les photographes, professionnels et amateurs ?

Oui, puisque j’ai bien sûr conservé la partie du Chapitre 1 qui explique aux photographes non professionnels ce qu’ils ont malgré tout le droit de faire. Mais aussi COMMENT le faire : comment vendre un tirage original ? Comment céder des droits ? Où s’arrêtent les tolérances administratives ?
Les prérogatives des uns et des autres évoluent, notamment au fil des réglementations administratives et fiscales. Pour donner un exemple, les cessions de droits par des photographes non professionnels sont désormais facilitées par une possibilité de déclarer les droits d’auteur en salaires. En revanche, ce qui est important est de comprendre les limites fiscales de l’opération, et de déterminer à partir de quand il est utile d’opter malgré tout pour un statut professionnel.
Et du côté des pros, c’est la gestion quotidienne d’une activité qui implique de se tenir à jour, et de ne pas exposer la viabilité d’une entreprise personnelle en prenant des risques au niveau fiscal et comptable.

Le livre compte-t-il de nouveaux schémas et tableaux ?

Oui bien sûr. J’ai d’une part ajouté des schémas là où il n’y en avait pas, lorsque l’expérience de terrain (lors des conférences et formations) m’avait démontré que mon propos pouvait être plus efficace encore avec d’autres supports. D’autre part, j’ai mis à jour ou modifié des schémas existants pour les faire évoluer en même temps que les dispositions légales.
J’oserais dire que c’est en fait la partie la plus agréable de la rédaction et du travail que je fais à chaque édition. Certes il me faut tout modifier et tout vérifier, mais cela me donne au moins l’occasion de préciser encore si besoin, ou d’illustrer là où je ne l’avais pas encore fait. C’est un défi qui me plaît.