La Clôture • Virginie Plauchut (série)


par Gérald Vidamment, le Vendredi 22 Juin 2012


LE RÉVÉLATEUR #23. C'est au cours de plusieurs retraites effectuées au sein de monastères cisterciens qu'a pris naissance cette série, reflet de la vie d'une communauté isolée du monde, pour qui l'ascétisme est la manière de vivre pleinement sa foi. À travers ses images, la photographe Virginie Plauchut nous confie une expérience personnelle derrière ce que les moniales nomment "la Clôture", là où le temps n'a plus d'emprise mais où le présent nourricier reste entier et silencieux.


© Virginie Plauchut - Tous droits réservés
En découvrant la série de Virginie Plauchut, l’œil ne peut que se taire. Et observer. Ce lieu, que dis-je cet espace, où le temps semble avoir été ralenti ; où le silence enveloppant apprivoise ; où l'austérité se revêt du don de soi ; où l'évidence, enfin, prend une toute autre dimension. Croyant ou non, la Clôture invite tout un chacun à un retour sur soi, sur sa place et sur sa quête. Se connaître ou se reconnaître. Se redécouvrir.

Chaque image semble habitée, par l'humain, par sa pensée ou son passage récent...
Il y a une présence indéfinissable là-bas, on la ressent dès que l’on emprunte la route qui monte jusqu’au monastère. Je ne suis pas croyante et pourtant j’ai rapidement été transportée par une sensation indescriptible. Tout semble être habité par une présence peut-être divine, ou plus simplement peut-être par le fait que l’on met une parenthèse à sa vie et que l’on prend le temps de se retrouver face à soi. Une retraite est une expérience unique, l’une des plus intenses que j’ai pu vivre.

Présence renvoie au présent. Mais ici, la vie semble évoluer au ralenti...
Effectivement, on est pleinement dans le présent, et c’est une sensation étrange au début de découvrir cette notion de présent à part entière. Ce n’est pas que l’on arrête le temps, c’est juste qu’il est en lecture très lente. Pourtant la notion de temps existe. Il est rythmé par les sept offices de la journée. Mais c’est vrai que tout semble être au ralenti, avec des moments ou la vie se met en suspend pour mieux redémarrer, lentement.

Ces images t'ont-elles aidée à progresser dans ton propre voyage spirituel ?
Comme je le disais plus haut, j’ai eu une éducation catholique mais je ne suis pas croyante. Pourtant, j’ai été envahie par un flot de sentiments. J’ai été émerveillée par la beauté de ce je vivais. Le silence et la solitude font caisse de résonance et je me suis retrouvée véritablement face à moi-même, face à mes doutes. Tout dans ce lieu appelle à l’harmonie et à la sérénité de l’esprit. Et la forêt de chênes qui entoure le monastère est enivrante, où même le chant des oiseaux semble venir de très haut.
Je rentre dans les églises pour les visiter, pour les mariages et les enterrements. Quand pour la première fois je suis rentrée dans cette petite église attenante au monastère, le sentiment était différent. Et surgissent les chants qui résonnent à l’âme dans quelque chose d’impalpable. On peut ressentir tout cela sans croire en Dieu.

En tant que photographe, sont-ce ces sœurs que tu prends en photo ou un reflet nourrissant une introspection personnelle ?
Ce projet a mis du temps à prendre forme, car il s’agissait pour moi d’une remise en question de ma pratique photographique. Je voulais découvrir ce monde de silence, l’explorer et montrer cette recherche personnelle. Tout en gardant une fine distance, je pense que ces images sont le fruit d’un mélange très intime entre ma solitude, le silence, et la foi des moniales qui est omniprésente au sein du monastère.

Quelle a été ta relation avec ces sœurs ? Et quel a été ton échange avec elles concernant ton projet photographique ?
Ma démarche était personnelle. Il n’était en aucun cas question de réaliser un documentaire sur les moniales, mais bien d’essayer de montrer une expérience personnelle. En arrivant au monastère j’ai été accueillie par la sœur hôtelière. La première chose qui m’a frappé chez elle, c’est son sourire qui illuminait tout.
Elles ont fait vœux de silence, et même si j’ai discuté avec l’une d’elles, dans l’ensemble, l’échange s’est surtout fait par les regards, les sourires. Un partage simple où les mots ne sont pas nécessaires.


La série « La Clôture » sera présentée du 3 octobre au 18 novembre 2012 à la Galerie la Fontaine Obscure à Aix-en-Provence dans le cadre du festival Phot ’Aix - Regards Croisés « Cuba – France » (5 photographes cubains en regard de 5 photographes français travaillant dans le même esprit ou sur les mêmes thèmes.)

www.virginieplauchut.com

© Virginie Plauchut - Tous droits réservés

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