Les hommes photographes n'ont jamais vraiment été seuls (édito du Compétence Photo n°68)


PAR Gérald Vidamment, Jeudi 7 Février 2019



© Elouen Lanoë
Devrait-on s’interroger sur la nécessité d’adjoindre le terme homme au mot photographe, dès lors que le genre de ladite personne est masculin ? Autour de moi, ce questionnement surprend régulièrement. Et pourtant, l’intitulé femme photographe n’a-t-il jamais été autant employé qu’aujourd’hui ? Les hommes seraient-ils à ce point stupéfaits que le sexe opposé sache supporter un boîtier ? Quant aux femmes, n’auraient-elles pas d’autre moyen pour être reconnues dans ce métier ? Car ce n’est point faute que celles-ci s’intéressent à ce médium depuis ses débuts. Prenons le daguerréotype : il a été présenté à l’Académie des sciences le 7 janvier 1839. La même année, Constance Fox Talbot, épouse du célèbre William Henry du même nom, aurait expérimenté un procédé photographique – le calotype, a priori –, devenant de fait la première femme à réaliser une photographie ; à moins que ce ne soit Anna Atkins, une botaniste ayant adopté le cyanotype pour illustrer ses premiers ouvrages.


Certains me soutiendront que la profession de photographe est encore aujourd’hui choisie par une majorité d’hommes. Outre le fait qu’une telle assertion ne justifierait rien, il serait toutefois utile de consulter quelques récents chiffres fournis par le Ministère de la Culture et de la Communication. Dans une étude publiée en 2015 et réalisée par l’Insee et Ithaque, il est en effet révélé « qu’entre 1995 et 2010, le nombre de photographes hommes a augmenté de 25 %, celui des photographes femmes de 85 % ». Par ailleurs, en 2011, si 10 % des effectifs hommes avaient moins de 30 ans et 37 % plus de 50 ans, ces parts pour les effectifs femmes étaient respectivement de 31 % et 7 %. Un « lent mais réel mouvement de féminisation » du métier serait ainsi en train de s’opérer. Je serais presque tenté de reposer ma question initiale en substituant le mot femme au mot homme« L’humour provient d’un excès de sérieux », disait Tristan Bernard.
Qu’à cela ne tienne, le cinquième numéro de La revue femmesPHOTOgraphes est en vente depuis le treize décembre dernier et je ne saurais que trop vous conseiller de vous en procurer un exemplaire*. Le thème à l’honneur de ce nouvel opus est... l’invisible.

Gérald Vidamment

*www.femmesphotographes.eu

Éditorial publié dans Compétence Photo n°68