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Mathieu Ménard, finaliste du Prix Voltaire de la photographie 2020


PAR Gérald Vidamment, Mardi 19 Mai 2020



Photos : © Mathieu Ménard - Tous droits réservés
Le premier janvier dernier était lancé l'appel à candidature d'un nouveau prix : le Prix Voltaire de la photographie. Organisé en partenariat avec le Centre des monuments nationaux et consacré au portrait, celui-ci a pour vocation de "soutenir de jeunes créateurs par une dotation mais aussi en produisant puis en exposant leurs images lors d’une itinérance. Celle-ci débutera au château de Ferney-Voltaire. C’est donc tout naturellement que le prix emprunte son nom à Voltaire, patriarche de Ferney, philosophe des lumières et humaniste engagé." En novembre 2019, nous avions échangé avec Olivier Robert, initiateur du prix et directeur du festival des Confrontations Photo (lire l'interview).
Pour cette première édition, soutenue par Compétence Photo, plus de cent cinquante dossiers ont été reçus. Récemment, un comité de sélection s'est réuni afin de choisir les trois finalistes qui seront auditionnés en juin prochain par un jury de professionnels afin de présenter plus amplement leur travail et ainsi prétendre remporter la première édition du Prix Voltaire de la photographie.

Mathieu Ménard est le premier finaliste révélé par le Prix Voltaire 2020. Après avoir évolué dans le domaine de l'édition d'art, il se consacre depuis trois ans à la photographie documentaire, ses images étant diffusées par le Studio Hans Lucas et l'Agence Millenium Images, dont il est membre. "La photographie me permet de matérialiser mon engagement en me donnant l'opportunité d'aller à la rencontre de personnes, de territoires et d'apporter ainsi mon témoignage sur des sujets sociétaux qui me touchent particulièrement", explique-t-il.

Intitulé Femmes de la Halte, le travail photographique proposé au Prix Voltaire s'inscrit pleinement dans cette démarche. Ces femmes, Mathieu les nomme les "invisibles". Vivant dans la rue, elles trouvent dans la nouvelle halte de nuit installée dans la mairie du cinquième arrondissement parisien au début de l'année 2019, du réconfort, du repos, une écoute... "Dormir, laver son linge, prendre un repas le soir et un petit-déjeuner le matin… Les lieux, installés dans l'ancienne salle de bridge de la mairie, sont chaleureux, l'accueil très personnalisé. Le foyer est ouvert de 18h à 9h le matin", précise Nicolas Hue, de l'association Aurore.

Grâce à ce foyer réservé aux femmes, chacune espère trouver un futur logement et tourner ainsi une nouvelle page de sa vie. Si habituellement elles préfèrent se cacher, par méfiance, par sécurité, Mathieu les a convaincues, pour une fois, de sortir de l'ombre, jusqu'à faire face à l'objectif. "Aujourd’hui, ces femmes se dévoilent, posent face au public, montrent leurs visages et leurs personnalités. Dans ces triptyques, elles se révèlent de trois façons : de dos, de face et à travers un objet qui leur est cher", raconte le photographe. "J'ai souhaité montrer qu'elles étaient toutes des femmes dignes, fortes, belles, quelle que soit leur histoire."

Toutes. Le terme choisi n'est pas si anodin. Car parmi ces femmes, désormais un peu moins "invisibles", figurent également des membres du personnel du lieu d'accueil. "J'ai mêlé dans la série toutes ces femmes, sans que l'on ne sache au premier abord qui est chacune d'elle", confie Mathieu. La raison est simple : "J'ai choisi de les présenter toutes sur un pied d'égalité, les accueillies et les accueillantes (...) Car toutes ces femmes ont quelque chose à montrer, à raconter d’elles-mêmes que les autres ne savent pas." À travers ses triptyques, Mathieu Ménard réussit ainsi à matérialiser ce lien qui unit chaque soir ces femmes. Ensemble, en images, elles franchissent la ligne rouge de leur habituelle réserve. Présent systématiquement dans ces portraits réalisés in situ, ce fil coloré se révèle plus que jamais conducteur.

Qui ? Mathieu Ménard photographe finalisteOù ? Prix Voltaire 2020