Marina Ballo Charmet utilise la photographie comme un outil d’expérience et un instrument de connaissance. Son travail se situe hors de l’alternative description/fiction qui détermine une grande part de la production photographique contemporaine. Elle définit l’objet premier de sa recherche comme « un déplacement du cadre au champ ». Elle s’intéresse à l’expérience d’un tact visuel qui précède la saisie de l’objet identifié.

L’exposition rassemble une vingtaine d’œuvres, qui donnent une vision d’ensemble de son travail depuis trente ans : les paysages terrestres, fluviaux et maritimes de la fin des années 1980 ; les ensembles des années 1990 dans lesquels l’œuvre a trouvé son ampleur ; deux vidéos du tournant des années 2000, qui poursuivent l’expérience de mobilité du regard et débouchent sur un autre ensemble important, Primo campo en 2001-2003. Sont également présentées quelques images de Il Parco (2006-2008) : prises dans une vingtaine de parcs publics en Europe et à New York, elles constituent un espace générique et composite, « le Parc », espace urbain « autre », dont l’artiste observe les usages variés. Enfin, un groupe d’images récentes, photographies et vidéos, complètent une collection de « paysages » regroupant vues et fragments, sites et corps. L’orientation lyrique apparue dès les premières images trouve ici une forme accomplie, qui fait communiquer des effets de champ lumineux, une pulsation colorée, avec une imagerie archéologique.

Jean-François Chevrier
Commissaire