Yasmine Hatimi est née à Casablanca, où elle travaille aujourd'hui en tant que photographe.

En 2004, elle a quitté Casablanca pour Madrid afin de poursuivre des études en cinématographie et en photographie. Après neuf ans, elle est retournée au Maroc avec l'intention de redécouvrir son pays à travers son travail photographique. Rêveuse éternelle, son travail se situe entre la mélancolie et la poésie, et cherche à transmettre une atmosphère inspirée par son univers interne.

"“Amarcord” signifie “Je me souviens” en dialecte italien …
En effet mon travail porte sur le souvenir, la nostalgie, l’oubli, le passé tout simplement.

Je noue ainsi avec l’espace dans lequel je me trouve, une certaine relation que j’aime refléter dans mes photographies.
Je perçois ces photos comme des petites poésies, j’aime laisser le terrain à l’évocation.
Ce sont des images d’espaces et d’intérieurs qui, inconsciemment, reflètent mon âme intérieure.

Le temps passe, les instants sont éphémères et ce qu’il en reste est seulement un souvenir souvent remplacé par l’autre … Un endroit délaissé, isolé, peut nous replonger très loin en arrière dans nos vies, dans une certaine époque …

L’odeur d’une pièce, des objets restés intactes, traces d’une période ayant existé mais désormais oubliée.

Tout est tombé, sauf la table et le rideau … Tout a changé, des gens sont morts, d’autres sont nés, la vie est passée mais le salon est toujours là, année après année … Et plus personnes n’est revenu.

Caspar David Friedrich disait à propos de la peinture : “Le peintre ne doit pas peindre ce qu’il voit en face de lui mais aussi ce qu’il voit en lui“.



Je porte en moi inconsciemment cette forme de nostalgie et je pense que ma démarche artistique est d’essayer de l’exprimer dans mon travail.

Me voilà en train de retracer les chemins du passé … Au final cela peut s’apparenter à une recherche identitaire, à une tentative de m’enraciner, d’appartenir quelque part.

Replonger, s’évader, se transporter, SE SOUVENIR.
La nostalgie est une émotion universelle, et il est important pour moi, vivant dans une époque où l’on essaye de nous fragmenter, de nous diviser, de nous séparer, une époque où il existe des frontières physiques et surtout mentales créées au quotidien, de nous rappeler que nous sommes tous au final une même unité.

L’art pour moi est un terrain libre de frontières où nous pouvons tous nous retrouver et tout simplement ressentir.

J’aimerais à travers mon voyage dans le passé, créer des moments d’évasion, transporter les esprits … J’aimerias que le temps s’arrête quelques secondes : il y a là une dimension quasi-spirituelle.

Taisez-vous ! Arrêtez tout ! Regardez puis ressentez."