“THE MARKET” Mark Curran

À la suite de l’effondrement de l’évolution économique mondiale et de l’absence d’un engagement durable avec le lieu central de cet événement, l’enquête multi-média en cours de Curran THE MARKET se concentre sur le fonctionnement et l’état des marchés mondiaux. Incorporant des films, des enregistrements sonores, matériel d’artefact et témoignages, les thèmes de ce travail incluent les machines algorithmiques des marchés financiers, en tant qu’innovateurs de cette technologie, et de l’absorption des crises comme normalisation de la déviance et de la cartographie à longue portée, ainsi que des conséquences de l’activité financière si éloignées de la vie quotidienne des citoyens. Les profils comprennent les commerçants, les banquiers et les analystes financiers et la documentation de Londres, Dublin, Francfort et Addis Abeba…

Mark Curran est un militant activiste engagé dans la découverte et la production de connaissances. Passionné par le droit des citoyens à la compréhension et à la revendication de leurs voix, il cherche à faire émerger une humanité au coeur des décisions prises sur tous les marchés financiers internationaux, dans ces champs de bataille de la la guerre néolibérale financière mondiale du XXIe siècle.

Helen Carey

Mark Curran fait partie de ce nouveau type d’artiste qui utilise le médium photographique à des fins d’enquête sociologique à dimension anthropologique. Dans le cas de THE MARKET, il choisit de tenter de matérialiser ce qui ne l’est pas au premier abord : le capital. Il se rend dans plusieurs places financières à Francfort, à la City de Londres, à la place boursière de Dublin, et à la bourse de marchandises de Addis-Abeba ; là il se confronte à la peur qu’ont les directeurs, les employés des banques et traders de parler de leur travail ou de livrer leur image. « Le pouvoir n’aime pas qu’on le regarde » confie Mark Curran, mais comme il est un excellent portraitiste, il sait créer le contact et recueillir la confiance de ses modèles. Il réalise de remarquables témoignages visuels qui dans leur abstraction muette crève un peu l’écran du silence qui entoure le monde de la finance.

Paradoxalement engoncès dans leur rôles, dans une forme de retrait discret, ses sujets paraissent s’évader de leur costume exprimant une certaine légèreté, comme si le temps de la pose photographique leur permettait d’en oublier le poids de leur gravité responsable et de s’envoler d’un regard délivré de leur mental stressé. Il ressort alors de ce travail une étrange intranquillité, les algorithmes et autres graphiques des marchés, les courbes d’investissementsortis des fonctionnalités du cadre devenant dans leur abstraction ésotérique des objets lyriques de contemplation et de beauté plastiques.

Gilles Verneret

Ouvert du mercredi au samedi de 14h30 à 19h00.